Cet été du 25 mai au 3 septembre 2012, une exposition du peintre Vincent Van Gogh a attiré un grand nombre de visiteurs au musée des beaux-arts du Canda dans la capitale. L’exposition a présenté des œuvres réalisées lors des 4 dernières années de la vie de l’artiste, c’est-à-dire de 1886 à 1890. Van Gogh, à l’apogée de son talent, dans une maîtrise totale de son style, a peint des centaines voire des milliers de toiles dans cette période, parfois même jusqu’à 3 toiles par jour. Dans ses toiles, la prédominance de la nature lumineuse contraste avec son tempérament tourmenté, incertain et instable. Une luminosité flamboyante jaillit de sa peinture, une mouvance, une chaleur, un réconfort, une beauté époustouflante. Son exploration visuelle le pousse à mettre le premier plan en valeur et à étaler le second et le troisième de manière à donner une impression d’entrer dans la toile, dans le paysage. Son inspiration japonaise picturale le guide à se concentrer sur l’élément frontal, car l’art japonais fait rejaillir la beauté d’un simple élément dans les toiles. Van Gogh fait partie du courant néo-impressionniste, depuis qu’il s’est installé à Paris et qu’il eut l’influence de l’impressionnisme français. Le néo-impressionnisme est un courant artistique qui soutient une croyance selon laquelle la perception d’une couleur est changeante selon la couleur qui est directement à son côté. Quand deux couleurs complémentaires sont à proximité, par exemple le rouge et le vert (cercle chromatique), alors le rouge ressortira davantage grâce au vert qui est à côté de lui. Les couleurs prennent donc une grande importance dans ses toiles.
L’exposition
L’exposition est principalement divisée en sujets de tableaux ainsi que selon les années, entre 1886 et 1890. Un regard assez bref et précis de l’héritage artistique du peintre en comparaison à l’œuvre immense qu’il a réalisé au cours de sa vie, par exemple aucun de ses célèbres autoportraits ne sont exposés. La première partie contient principalement des natures mortes de fleurs peintes à Paris alors qu’il s’inspire fortement de l’impressionnisme. Le reste de l’exposition présente des changements saisonniers, des sous-bois, des gerbes de blé, des scènes de campagne. En 1888, il déménage en Provence où les paysages l’inspirent grandement. Les toiles qui en résultent sont denses, duveteuses, mouvementées, lumineuses, aériennes. De plus, la structure du paysage crée un contraste entre les éléments du premier plan et les vues du lointain. Ceci est dû à l’appréciation de l’art japonais qui choisissait souvent de mettre en valeur un élément de la toile picturale ainsi que pour son rapport intime avec la nature. Fait intéressant, l’audio guide coûte un montant supplémentaire mais vaut la peine pour bien compléter cette exposition unique. De plus, cet outil comprend des explications distinctes et interactives pour les enfants.
Influences
Trois sections sont consacrées à des œuvres qui ont influencés l’art de Van Gogh dans cette exposition. Une de celles-ci présente des estampes japonaises, car cet art fascine le peintre néerlandais et l’inspire grandement dans sa recherche visuelle. Il admire la capacité des Japonais a apprécié l’infinie beauté de l’essentiel ainsi que de détails anodins tels qu’un brin d’herbe. On retrouve des toiles de la moitié du 19e siècle dont 3 appartenaient à Vincent Van Gogh. Une autre section contient des photographies du 19e siècle, étant donné que cette nouvelle technologie vient d’émerger (1839), ce modem a d’inévitables répercussions sur la communauté artistique. Vincent Van Gogh a été en contact dans son milieu de travail de ce nouveau modem artistique, sans nécessairement que cela ait d’impact sur son art. Toutefois, on remarque les thèmes liés de la célébration de la nature ainsi que l’aspect intéressant du zoom dans les perceptions photographiques. Finalement, une autre section expose des tableaux européens des époques antérieures à Van Gogh qui mettait en valeur le plan rapproché et qui ont influencés ses recherches sur la vue de près. Cette section démontre que Van Gogh n’a pas inventé cette technique, mais qu’il l’admirait.
Vincent
L’évolution psychologique, sa famille, sa vie personnelle est subtilement exposée dans ses toiles et, par le fait même, dans cette exposition unique au musée des beaux arts d’Ottawa. Van Gogh nous peint la nature en tout intimité, il présente son sujet dans toute sa gloire, il croyait que cela était nécessaire à notre compréhension du monde, ou du moins nous aidait. Par exemple, dans la toile touffes d’herbes et papillons (1887-1888) il peint tous les brins d’herbes dans leurs moindres détails. La toile est vivante, lumineuse, dansante, il s’agit d’une célébration de la nature et de la beauté des choses qui sont trop souvent jugées insignifiantes. La chaleur de ses œuvres a un effet apaisant, elle nous permet de nous concentrer sur son sujet fondamental. Au printemps 1890, une crise de démence l’attaque, premier pas vers un trouble plus profond. Suite à cela, il s’installe à Auvers-sur-Oise où il peint la toile désormais célèbre pour son neveu, amandier en fleurs. Dans ses dernières peintures, il renonce à la cohérence et juxtapose des éléments proches et lointains, signe d’une tourmente qui l’habite. Par exemple, la Plaine à Auvers (1890) présente un ciel troublé, il écrit d’ailleurs à son frère Théo cet état du ciel et soutient que ses toiles disent ce qu’il ne sait dire en paroles.
Par Noémie Laurendeau